Lab-École Shefford

Concours Lab-École, École Shefford, Shefford, QC, Canada

-

Dans le paysage vaste et ouvert du site, le projet se pose comme une nouvelle ligne d’horizon, une ligne modulée par le jeu des volumes et des toitures. Cet effet d’horizontalité, souligné par la continuité de la ligne basse du toit, fait écho à la topographie plane du site et permet au bâtiment de se fondre dans le paysage. À la lisière de la forêt, l’école développe une double relation d’un côté avec la densité des arbres, de l’autre avec l’ouverture des champs. Pensée sur un seul niveau, l’architecture est accessible pour tous et garde les usagers en contact constant avec la nature.

L’assemblage des divers bâtiments dans un ensemble cohérent propose une double lecture: la proposition permet à la fois d’exprimer l’individualité de chaque cycle et celle de la collectivité plus large de l’école. Chaque élève peut s’identifier à son propre pavillon, sa propre “maison”. Il peut ainsi visualiser dans l’espace son parcours passé et futur au fil des cycles scolaires. La cascade des volumes dans l’espace crée des perspectives qui changent continuellement selon notre position dans le paysage, les volumes se superposant visuellement les uns aux autres de façon toujours renouvelée.

Le regroupement des pavillons autour d’un coeur central, celui de la cour, permet d’embrasser du regard l’ensemble de l’école. Suffisamment close sur elle-même pour créer une vraie intériorité, un morceau de nature appartenant à l’école, la cour s’ouvre aussi largement sur le paysage. L’ouverture cadre la magnifique vue du mont Shefford qui devient un point de référence pour l’école.

Les larges débords de toit se connectent les uns aux autres pour former une promenade couverte continue autour de la cour. Chaque classe possède donc une extension vers l’extérieur, un entre-deux permettant de se projeter vers la nature. Les élèves peuvent sortir directement de leurs espaces et être protégés des éléments. Cette condition favorise l’établissement de parcours changeants selon les saisons. Si en hiver le parcours intérieur est vraisemblablement favorisé, on peut imaginer que les raccourcis à travers la cour seront le mode de transit le plus naturel dès que la température le permettra. Des moments précieux avec le paysage où l’on sort pour faire l’expérience du temps qu’il fait, de la lumière et du paysage sonore.

L’école doit à la fois être simple et complexe. Simple dans son expression, son organisation, mais complexe dans sa spatialité et la richesse de ses espaces. La géométrie des toits vient enrichir la spatialité de chacun des pavillons. En coupe, les classes profitent de la pente pour aller chercher une généreuse hauteur sous plafond. Ces pentes se prolongent et se rejoignent au-dessus des zones de collaboration, définissant un espace en double hauteur. Des mezzanines, placées aux entrées des pavillons de classes, créent des seuils sous lesquels on passe et définissent des sous-espaces plus intimes et chaleureux. Dans le pavillon principal, l’espace gradin en surbaissement vient supporter la spatialité déjà généreuse, et confère à l’espace dîner une amplitude propice aux grands rassemblements et aux spectacles. 

Partagée entre 4 classes, la zone de collaboration se déploie en partie en double hauteur et en partie en mezzanine. On accède à cette dernière par un escalier-gradin. Alors que la zone collaborative au rez-de-chaussée est davantage dédiée aux travaux de groupe, la mezzanine est un espace dans lequel on peut s’isoler pour lire ou faire des activités demandant plus de concentration. De larges pans vitrés permettent aux enseignants de garder un contact visuel avec les zones de collaboration centrales.

Ponctuant chaque pavillon, de grandes cheminées triangulaires permettent de générer de la hauteur, de faire généreusement entrer la lumière zénithale, et d’offrir une vue sur le ciel. Ces cheminées servent également de dispositif bioclimatique. La forme des toits amène naturellement l’air chaud vers ces puits dans lequel il s’accumule. De là, la chaleur peut soit être renvoyée vers le bas en hiver, soit évacuée vers l’extérieur en été. Plusieurs autres éléments viennent compléter l’approche écologique: les débords de toit contrôlant le rayonnement solaire, la récupération de l’eau vers des citernes situées dans les toitures, l’utilisation de bois comme matériaux pour la structure et le revêtement, etc.

Sans littéralement reprendre l’architecture vernaculaire des alentours, l’école, avec ses volumes bas et ses toits en pente, propose des formes archétypales qui renvoient aux maisons ou aux bâtiments de ferme. Les enfants entrent donc dans un univers d’une certaine familiarité. C’est ce que nous voulons pour Shefford, une école innovante, dans laquelle on entre tout naturellement.

-

Prix: Canadian Architect Award 2020
Date : 2019
Budget : 14.9 M$ CAD
Client : Commission scolaire du Val-Des-Cerfs
Statut : Concours, premier prix
Surface : 4500 m2
Architecte : Pelletier de Fontenay + Leclerc architectes
Architecte du paysage : Fauteux & associés
Ingénieur structure : Latéral
Ingénieur mécanique : Bouthillette Parizeau
Ingénieur civil : Gravitaire
Ingénieur en environnement : Englobe
Images : Pelletier de Fontenay